« Je veux mourir que si je reste vivante » est un texte écrit et mis en scène par Virginie Paoli. Cet extrait a été merveilleusement interprétées cet automne au Conservatoire National de Montréal par les comédiennes Gaëlle Pouliquen et Audrey Levesque Pelletier.
« Je veux mourir que si je reste vivante », est un hymne à la vie, au premier souffle jusqu’au dernier. Des fragments surgissent de nulle part, et de partout à la fois. Dans l’urgence de vivre, fragmenter ce qu’on vit, rassembler ce qu’on croit, trouver l’impossible et évidence croyance, le petit souffle, jamais le dernier, tout nous rattache au plus près de l’intime, tout nous détache. »
(Extrait) Voix 1 et voix 2 en alternance.
Voix 1. Je voudrais pouvoir te dire que la parole est la plus belle des matières à consoler. Je pourrais te dire que je suis, alors que je ne suis pas là. Pas exactement à la place que tu voudrais. L’heure exacte n’a pas d’importance. Je suis née à l’heure exacte, sans haine, juste un cri personnel au premier sourire que j’ai déposé. Les minutes n’ont pas d’importance, pourtant je suis née. L’heure exacte n’a pas d’importance.
Je suis née. (Un temps). Tu deviens parce que tu es.
Et tu es parce que tu deviens. L’heure exacte n’a pas d’importance,
Voix 2. En tous cas… (Un temps) Quand la respiration devient une fiction. As-tu demandé l’heure à laquelle tu tournais? Tu te figures que tu jouais encore la…. (un temps) comédie? Et quelles envies? As-tu demandé à quelle heure était la représentation? Plus comédie ou tragédie? As-tu envie d’un soir de pluie? T’es-tu demandée ce que tu ferais derrière ton miroir à 40 ans? As-tu écouté le dernier blues, celui que tu gardes dans ton vestiaire étranger?Tes parents sont-ils au courant de ta dernière conquête? Es-tu franche, ou plutôt misogyne? Costume 3 pièces, ou l’emporte-pièce? Filament ou réducteur? Acteur principal ou concierge en rez-de-chaussée? As-tu des capacités à respirer sans arrières-pensées?Ta pensée te guide à en perdre la tête? Filtre ou possessif?
Mystère qui te calme, ça entretient toujours plus loin.
La famille ne t’éveille plus, pourtant elle se retourne au moindre mouvement. Tu dis mouvement en rupture, (un temps) simultanément. (Un temps).
Je t’entends crier: à L’AIDE… en suspens bien sûr.
Plusieurs fois je t’entends crier :
à L’AIDE… en suspens.
PAUSE –
Voix 1. Je suis particulier ou particulière, je m’aligne comme en rang d’oignons sur le fil de la… corde à linge ou n’importe qui pourrait se pendre ou plus personne ne pourrait suspendre sa virginité…un pull, une mémoire, une chaussette retrouvée, une petite mémoire, une culotte usée, une autre mémoire en ligne, un chandail, plus encore…Tu fouilles comme tu trouves. Bonheur pinçant, soutien-gorge en grande taille, dentelles estivales, tu tombes au BON moment,
je n’avais plus rien à me mettre. Pourquoi s’habiller comme une pute, quand on plus rien à se mettre? Tu fais la fine mouche, et tu t’alignes comme un pinson, ta taille de guêpe n’a rien de reluisant. Tes mots sont si souvent sordides qu’ils grincent comme le premier violon de l’enfant prodige de cinq ans. Tu lui fais faire du piano, sans aucune certitude. Pas doué, insolant, et trouillard jusqu’au froc. Il chie dans son pantalon quand il s’annonce. Il croit qu’il peut jouer les plus belles cantates de Bach, ces doigts ne sont pas adaptés. C’est tout. C’est tout croche.
Voix 2. En tous cas…Je suis née un jour de soleil. Et pourtant…
Tu n’as pas d’allure. Tu ne sais rien et déjà tu l’ouvres au moindre effet.
Tu penses qu’écrire c’est plus encore que la littérature dans une bibliothèque. A l’allure faussement littérature, tu penses souvent que c’est aussi comme des grandes pensées, à l’allure de Rodin, ce pantin artificiel qui ne répond jamais quand tu lui caresses le torse. Sa tête toujours baissée. Il s’aligne comme un basset d’un même statut social étouffé encore par un même héritage. (Un temps)
Un manque totale de pilosité.
La vie de château, ça fait rêvé que si tu partages ta richesse avec la noblesse. Le château de ma Mère, un Château en Suède, Sagan et Pagnol même combat.
Voix 1. Je suis née, aux accents du Nord, authentique à souhait, ou les A deviennent des O. Je me demande si souvent avant de quitter la pièce, si je n’ai pas oublié quelque chose, comme l’essentiel de la vie, peut-être même encore une respiration. La porte est bien fermée. J’y retourne pour voir, pour vérifier au delà de la serrure. L’absolu doute. Elle est vraiment bien fermée. Je trouve souvent devant autrui la plus belle délivrance. Je me convaincs que si mourir à 39ans, c’est aussi célèbre qu’un James Deans. Alors?
Tu peux tout repeindre à 100km a l’heure.